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Masochisme 2

Masochisme 2
Pierre
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Puisqu’on parle de masochisme, je vais devoir confesser mes crimes les plus récents : je me suis essayé aux free to play. Genre beaucoup plus que je n’aurais cru possible.

À l’opposé des produits chéros dont on parlait précédemment, les gens aujourd’hui peuvent jouer gratuitement à un nombre assez incroyable de jeux dont l’accès ne se monnaie que contre la création d’un compte.

On l’a déjà vu, pour les gamers les plus sérieux, élevés à la boite à 350 francs, le free-to-play c’est le mal absolu ou pas loin. Et parmi ces gamers, le cœur des journalistes ou des bloggeurs/youtubers qui donnent le ton.

Ce que j’ai mis plus longtemps à voir c’est toute la frange de population, moins vocale, pas forcément moins virulente mais peut-être parfois plus large d’esprit, qui a embrassé le Free-to-Play depuis plusieurs années.

Jeunes en manque d’argent pour se payer les gros titres, adultes n’ayant pas l’envie de dépenser de l’argent dans un loisir pas tout à fait assumé, joueurs occasionnels qui ne payent pas leurs jeux sur mobile et ne voient pas pourquoi ils devraient le faire sur PC… Le groupe des joueurs F2P est tout ce qu’il y a de plus hétéroclite. Aucune stat, aucune enquête ne pourra mettre en boite une population qui se fout sans doute pas mal de savoir si son jeu favori a gagné son macaron “jeu du mois” sur le site à la mode.

Pourtant la réticence supposée au modèle reste un sujet de préoccupation majeur des éditeurs. Certains cherchent de la légitimité dans la domination massive de l’e-sport, d’autres dans l’arrivée sur consoles, ou bien dans la publication sur Steam.

Les PR s’inquiètent de voir des flots de haine déversés dans les commentaires des publications respectables, les marketeux essayent d’associer de grosses quotes pour gagner en crédibilité, mais au final le free to play fonctionne parce qu’il y a des millions de personnes qui s’en tamponnent. Des gens pour qui la guerre Sony-Microsoft pourrait être un bouquin d’Asimov et dont la loyauté dure le temps d’une phase de tuto. Des gens qui se poseront sur le jeu qui les branche où celui où leurs amis auront élu domicile.

Si on est condamnés à se taper du free to play jusque dans nos grilles-pain, c’est parce qu’au delà des grosses ficelles de monétisation bien dégueulasses, le modèle permet aux gens de tâter avant d’acheter, effectuant au passage une sélection darwinienne par le porte feuille : ce qui existe, ce qui résiste à l’open bêta, ce sont des jeux qui fédèrent, des jeux qui ont quelque chose à offrir à un nombre de joueurs suffisamment important pour soutenir l’ensemble.

Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit et on est bien d’accord : le plus grand nombre n’a pas forcément le meilleur goût.

Mais pour tout ce qui est des mécaniques les plus élémentaires, pour ce qui est de l’équilibre général, pour ce qui est du niveau de finition, on devrait pouvoir avoir un vote massif du public sans avoir à se taper les coupures pub de TF1.

Il est d’ailleurs assez rigolo de voir que Microsoft a annoncé la création d’un Halo Online, au modèle Free-to-Play, destiné dans un premier temps à la Russie. Si la Master Chief Collection avait été un F2P, la chute massive de joueurs simultanés aurait sans doute eu raison du jeu en l’état.

Comme pour la version boite, on aurait eu des patchs, sans doute beaucoup plus vite. Comme pour la version boite, on aurait eu au final un jeu qui marche. Comme pour la version boite on aurait râlé et été écouté.

La différence est qu’on aurait pas payé autant d’argent avant d’avoir notre jeu terminé et débuggué.

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