> C'est pas top, mais toujours mieux que la concurrence

Netflix Machine also does Facebook, Porn, Minecraft

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Pierre
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Tel un petit vieux mal luné à qui on aurait enlevé Question pour un Champion, j’ai dit un jour en entretien que j’étais irritable. Ça a beaucoup fait marrer mes camarades de classe qui m’ont dit qu'un truc pareil c’est à ne jamais en entretien.
Probablement.
N’empêche que c’est vrai et dans la vie il y a énormément de choses qui m’irritent. Et parmi elles il y a tous les gens qui trouvent malin d’utiliser l’expression “entre tradition et modernité”, c’est bateau, ça ne veut pas dire grand chose, ça présuppose de tout un tas d’idées préconçues à propos de ce qui est décrit mais aussi, surtout, de ceux à qui on le décrit.
Le Japon, un pays entre tradition et modernité.
Le Golden Retriever, un chien entre tradition et modernité.
La Gamescom, un salon entre tradition et modernité.

À la Gamescom, justement, je suis passé sur deux stands qui m’ont rappelé pourquoi j’aime les jeux vidéo.
Le premier c’était le stand de HTC qui présentait le Vive, premier modèle de hardware du fameux Steam VR. Après avoir contourné tant bien que mal le type débordé chargé de faire le videur à l’entrée du stand j’ai pu assister à la démo guidée. Pas plus de gens de Valve que de logos steam sur le stand : tout le monde ici venait de chez HTC et ça se sentait vu que personne n’était capable de répondre aux questions que je posais sur Steam ou Steam VR.
Tant pis, j’étais pas là pour faire mon grand reporter, mais juste tester un peu la bête. Bête un peu intimidante d’ailleurs avec son énoooorme casque plutôt inconfortable de prime abord. C’est lourd, contraignant avec les fatras de câbles, la vue n’est pas bonne, la résolution assez faiblarde; je vois des pixels, j’ai l’impression de regarder à travers des jumelles avec le contour des lentilles et de la buée se forme sur mes lunettes. J’ai envie d’enlever le casque pour retirer mes lunettes et régler la buée et la résolution par ma myopie, mais le planning est serré et la présentatrice active l’interface en me tendant les deux grosses Wiimotes qui servent de contrôleurs. Et en appuyant sur le bouton de son ordinateur elle aurait tout aussi bien pu faire de la sorcellerie : je me retrouve entouré de plusieurs panneaux de contrôles et je vois les fameuses wiimotes dans l’espace. Ce n’est pas la première fois que j’essaye de la réalité virtuelle, mais pourtant là tout est différent : tout est à sa place. Rien ne bouge trop ou trop peu quand je tourne la tête, rien ne semble avoir de retard ou d’avance, le tracking est excellent. Je regarde mes mains virtuelles flotter devant moi et je suis déjà hilare quand la démonstratrice me demande d’appuyer sur le trackpad. Je m'exécute et un ballon se gonfle du bout de ma wiimote. Mais attention, pas juste un modèle qui pope, un vrai ballon de baudruche, qui se gonfle comme si j’avais une petite bouteille d’hélium et qui se détache avec une petite vibration. Je dois avoir l’air bien débile, parce que la démonstratrice s’est sentie obligée de me pousser un peu. “Vous pouvez taper dans le ballon”. Et bim, je tape dedans, le ballon s’envole exactement comme prévu, avec une petite vibration. C’est incroyablement réel, beaucoup trop réel, je gonfle un deuxième ballon, puis un troisième. Un rouge, un vert. J’ai oublié la résolution, les pixels, le casque lourd et la buée : je veux jouer avec des ballons pour le reste de la journée.

D’ailleurs si les cinq démos qui ont suivi ont toutes, chacune à sa manière, donne une idée de ce que la VR pourrait apporter, rien n’a été aussi efficace que cette saloperie de ballon gonflé qui pourrait bien me vendre un casque, une paire de wiimotes et une tannée de capteurs, parce que ce petit ballon à la con m’a prouvé qu’il est encore possible de décoller et que si des gens très riches mettent autant d’acharnement à faire de la réalité virtuelle c’est parce qu’il y a effectivement peut être quelque chose à trouver quand on gratte sous l’effet gadget de la modernité.

Le deuxième, c’est le stand de Last Fight, et quand je dis stand, je suis plutôt sympa. Deux bornes desquelles dépassent quatre manettes xbox, huit chaises et un roll-up en guise de bannière, on ne peut pas dire que Piranaking ait fait du zèle niveau marketing. C’est donc avec l’assurance du mec qui en a vu d’autres que je m’approche du stand, déjà convaincu que je vais détester le jeu que je trouve un peu criard et très hipster.
Pas de bol, le développeur du stand, d’une gentillesse incroyable me tend un pad :
-Viens, on fait une partie.
-Mais je sais pas jouer.
-Bah c’est pas dur, tu vas voir.
Bastien Vivès prend la manette à côté de moi. J’hésite à lui demander comment on fait pour devenir populaire avec un blog BD sur les jeux vidéo, mais la partie commence alors je me concentre un peu et nomdenom c’est Power Stone 3 qui commence à l’écran avec quatre persos qui sautent partout en se balançant chaises, pots de fleurs ou roquettes à la gueule.
J’ai une sainte horreur des jeux de combats où je suis de toute manière très nul, mais là, il y a quelque chose de plateformesque en profondeur qui avait disparu des écrans depuis le jour où le monde a décidé que ce serait Smash Bros et rien d’autre.
J’ai joué, j’ai dit merci et je me suis senti bien con d’être venu sur le stand avec la vague idée de me moquer.
Puis j’y repensais, alors j’y suis retourné à ma pause. Avec un collègue, parce qu’il parait qu’à deux c’est mieux.
Puis on y repensait, alors on y est retourné après les derniers rendez-vous. Avec deux autres collègues, parce qu’à quatre c’est encore mieux.
Et à chaque fois, je repérais des nouvelles finesses et à chaque fois j’apprenais un peu plus à prendre le jeu en main et à chaque fois c’était plus drôle que la fois précédente.

Et ça m’a rappelé qu’en marge des 156 jeux en promo cette semaine sur Steam, la raison pour laquelle je me suis resté autant accroc aux jeux, c’est pour cette propension à fédérer autour de concepts si simples mais si forts qu’ils cliquent de la même manière dans la tête de tous ceux qui l’utilisent comme une vieille tradition qui rassemble sans qu’on ai vraiment besoin d’en parler.

Du coup c’était là deux expériences un peu inattendues, un peu étranges et qui, de manières complètement différentes, ont soufflé sur la même petite fibre qui n’avait pas vibré depuis un baille. Un peu comme si le roller coaster émotionnel avait pu me secouer quelque part entre tra… enfin vous voyez le genre.

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