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Taboo

Taboo
Pierre
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Vous vous souvenez de Homefront ?
Non pas le film avec Jason Statham, le FPS de Kaos Studio.
Vous vous souvenez de Kaos ?
Noooon pas le film avec Jason Statham, le studio de THQ.
Vous vous souvenez de THQ ?

Bon, on va peut-être pas jouer à ça toute la journée, mais ça annonce le premier problème évident de Homefront : The Revolution ; il s’agit du reboot d’une licence médiocre oubliée de tous, initialement créée par un éditeur et un développeur oubliés de tous et reprise avec peine par un développeur lui-même dans la tourmente.

Et pas pour l’amour du geste hein, pas pour la poésie d’un Last Guardian, la sauvegarde d’un BattleToad ou la résurrection d’un Shenmue. Non, pour un clone de Call of Duty dans lequel les américains se défendent contre des Nord-Coréens belliqueux.

Ouais, pas le pitch le plus vendeur au monde. Même les wikipedistes n’ont pas eu la force de remplir les sections de la page du jeu. Et on ne peut pas vraiment dire que Deep Silver, l’éditeur allemand qui a récupéré projet sur les cendres de THQ comme on hérite d’une armoire normande, qui n’a même pas demandé à un stagios de créer la page Wiki du jeu dans sa langue natale.

Alors quand même, de temps en temps tout ce petit monde donne le change, notamment à la Gamescom avec des pubs, un stand, des allemands pour jouer les coréens et il parait même qu’ils avaient trainé les pauvres développeurs de Crytek UK qui essayaient mollement de vendre leur jeu en faisant tester à la presse une mission-couloir après en avoir projeté un walkthrough.

Mais ce qui fait peut-être plus froid dans le dos c’est que l’argument number one de Deep Silver est de souligner que l’équipe sur le jeu est faite du noyau dur des anciens de Free Radical depuis l’époque Time Splitters 2.

Entendons-nous bien, j’aime beaucoup Time Splitters 2, notamment parce que dans ma mémoire embuée je me souviens à moitié comme d’un jeu bien bordélique et seule alternative viable en termes de shooters pour les joueurs PS2.

Ce que j’aime beaucoup moins en revanche, c’est d’une part que Time Splitters 2 est un jeu sorti il y a 13 ans maintenant il y a deux générations de consoles de ça, et surtout que depuis cette glorieuse époque l’équipe de Time Splitters 2 a bossé sur le moyen Second Sight, le décevant Time Splitters 3, le légendaire Haze, et de la sous-traitance pour le multi de Crysis 2 et 3. Un pédigrée assez peu reluisant qui atteste d’une déconnexion plus ou moins totale avec ce qui peut faire d’un shooter moderne une réussite.

Alors il parait que pour cette version le jeu emprunte beaucoup plus à Far Cry qu’à Call of Duty, avec un système de monde ouvert et de bases à conquérir, ce qui est loin de me rassurer.

Et je me dis aussi aussi que mettre sur un projet aussi tristement sérieux, un studio qui n’a jamais été aussi bon que quand il mettait en branle des combats entre ours et calamars géants, c’est bien la preuve que Deep Silver, comme Ubisoft en son temps n’a absolument aucune idée de ce qui est possible ou nécessaire de faire avec ses ressources, que ce soit en termes de licences ou d’équipes de développement.

Un constat un peu étonnant en 2015, alors que s’il y a bien un effet positif auquel je m’attendais à retirer de la domination de Call of Duty sur le jeu vidéo, et de la méthode Activision sur la création et distribution de jeux, c’était la disparition des AA mous du genou qui miment maladroitement les blockbusters sans l’ambition ni les moyens au profit de jeux plus petits, plus personnels et pourquoi pas plus funs aussi. Et pour autant que je ne peux pas piffrer des titres comme Borderlands ou Spec Ops : The line, ils ont eu le mérite de montrer qu’il était possible d’aller voir un peu ailleurs que dans le jardin des gros éditeurs et de rencontrer un certain succès.

Mais j’imagine que comme au cinéma, quand les vieilles légendes sont usées, les seconds couteaux retentent leur chance maladroitement.
Oui, comme Jason Statham.

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