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Cyberpunk

Cyberpunk
Pierre
2 commentaires
Cette histoire est tout à fait véridique. J’ai récemment déménagé dans un petit village où les poules et les chats errants sont en claire supériorité numérique face aux humains du coin, les tracteurs semblent souvent plus nombreux que les voitures sur la route, mon quartier semble désespérément mort, pas un bruit, pas un claquement de porte plus fort que le poulailler de l’autre côté de la rue. Et pourtant je capte un nombre impressionnant de signaux Wifi plus puissants que ma propre box.

Soit des chenapans ont boosté leurs wifi avec des routeurs surdimensionnés, soit les poules ont entendu parler de netflix. Je penche d’ailleurs pour la seconde option tant la technologie semble une préoccupation bien mineure des habitants d’une zone où la seule boutique d’informatique est un type qui a aménagé sa cave en atelier et placé un petit panneau « Informaticien » à côté de sa boite au lettre, juste au-dessus d’une adresse email de contact en @wanadoo.fr.
Non le seul truc qui passionne les gens ici c’est la forge du village qui a donné son nom à sa rue, ses commerces alentours et à peu près tout ce que les gens ont pu nommer depuis le XIIème siècle. La forge, c’est un peu comme l’église, on sait pas trop à quoi ça sert en 2015 mais c’est du sérieux, ça c’est certain.

Du coup et puisque la forge passionne tant les gens d’ici, je me dis que s’ils devaient se mettre à un jeu vidéo, ce serait sans doute quelque chose en rapport avec les armes, armures et autres chevaliers. Et ça tombe bien parce que, l’année prochaine, deux jeux vont proposer leurs visions diamétralement opposées de ce qu’est la vie d’un bonhomme en armure.

A ma droite, toute la rigueur tchèque de Warhorse sur Kingdom Come et sa campagne de crowdfunding à succès (2.5M$) qui promet l’expérience la plus réaliste possible, crachats de la foule et scènes de combat aussi complexes que fastidieuses incluses.

À ma gauche, tout l’esprit showman d’Ubisoft sur For Honor et son annonce surprise à l’E3 dernier qui promet l’expérience classique Ubi, multijoueur, levelling et interface douteuse inclus.

Alors que l’un cherche à rendre le jeu réaliste avec une utilisation minutieuse du CryEngine, la modélisation photoréaliste du moindre ruisseau et un système d’action/conséquence poussé, l’autre ressort du placard le vieillissant moteur d’Assassin’s Creed et table sur des combats improbables entres Samourais, Chevaliers et Vikings.

Alors que l’un propose un système de combat posé et complexe, voire un peu laborieux, à base de contres, de directions et de bottes, l’autre propose un système de pierre-feuille-ciseau appliqué à la hallebarde qui limite le côté stratégique du gameplay mais se laisse aborder en quelques secondes.

Alors que l’un pousse son réalisme jusqu’à rendre les déplacements volontairement longuets et les indications à l’écran le plus minimaliste possible, l’autre dégueule de boucles de fun de 5 secondes avec toujours un truc à tuer, toujours quelque chose à activer ou à conquérir et une interface qui déborde de partout attirant l’attention sur des éléments insignifiants tels un Mr.Meeseek sous amphets.

Alors que les développeurs de l’un insistaient tellement sur la notion de liberté qu’ils ont rapidement décidé de laisser les joueurs en autonomie totale quitte à les laisser se perdre et s’ennuyer, les développeurs de l’autre ont envoyé une armée de coachs pour expliquer vocalement à chaque joueur ce que l’interface fait déjà clignoter visuellement.

Alors que l’équipe du premier proposait de commenter un live gameplay avant d’offrir de la bière tchèque à quiconque assistait à la présentation, les PR derrière le deuxième jetaient des tshirt à une foule en délire devant un trailer précalculé.

Ce que je n’ai dit ni aux uns, ni aux autres, c’est que je ne m’intéresse pas vraiment aux jeux de chevaliers et que la seule motivation qui m’a poussé à torcher Dragon Age ce sont les romances stupides entre deux quêtes.

En revanche en testant ces deux jeux j’ai vu l’expression la plus honnête de deux chemins partant de la même idée, le fantasme de jouer un chevalier, mais n’ayant absolument aucune chance de se croiser. Deux réalisations d’un même concept qui peuvent cohabiter avec des règles, des codes, des financements et des publics complètement différents.

C’est cette complémentarité des contraires qui me fait penser que le jeu, quoi qu’on en dise, quoi que j’en dise, a encore beaucoup beaucoup d’expériences d’une variété infinie à offrir. Plus que le wifi des poules de mon quartier en tout cas.

Commentaires

  • FulRoro |
    Han, mais comment tu va faire des lans maintenant qui y'a plus personne vers chez toi ?
    Il est temps de faire 4-5 gosses.
  • Michel |
    Bah avec les poules pour les lans voyons.