> Le webcomics qui n'a pas été kickstarté

Sons of Patriots

Sons of Patriots
Pierre
Aucun commentaire
Quand j’ai découvert Call of Duty, j’ai vu Il faut sauver le soldat Ryan. Dans une version jouable.
J’ai vu la caméra de Spielberg remplacée par une vue à la première personne, j’ai vu les acteurs remplacés par des modélisations IDTech4, j’ai vu les séquences remplacées par des scripts.
Et comme tout le monde j’ai trouvé ça très fluide, très prenant, terriblement hollywoodien mais avec de jolis effets de fumée pour relever les moments les plus mous, et accessoirement masquer les animations complètement à la rue de ses coéquipiers.

Je suis resté sur Call of Duty 2 et son mode multijoueur bien millimétré, sorte de Quake III où les space marines sont des Allemands en shorts et les rail-guns, des MP-40. C’était fun, c’était speed et il y avait Toujane.

Un matin, j’ai découvert un peu par hasard que Call of Duty était non seulement passé à l'époque moderne, mais que le jeu était estimé comme ce qui se faisait de mieux en simulateurs de meurtres sur consoles. J’ai donc décidé de m’y mettre avec Modern Warfare 2, puisque désormais, Call of Duty c’était ringard, et j’ai été particulièrement horrifié par le titre. Non pas pour sa stupide scène de tir sur civils, mais bien au contraire par le peu d’intérêt que le jeu prête aux scènes de guerre.
L’une des toutes premières missions propose une classique séquence de shoot sur rails dans une favela au cours de laquelle les PNJs accompagnant le joueur muet déversent des tonnes de cynisme en épiloguant sur la moralité de tirer sur des gens désarmés.

Je crois bien que c’est à ce moment là que j’ai réalisé qu’on n’était plus du tout dans du Spielberg. Plus une trace d’intervention magique, de récompense de l’homme bon, de justice pour les héros contre l’adversité. Exit aussi les points de vue différents, l’approche de la guerre par les yeux de différents soldats et des citations guerrières de leurs leaders. On est dans du film d’action américain fuck yeah où toutes les valeurs sont remplacées par une présentation simpliste et manichéenne de la guerre dans laquelle il n’y a pas de place pour la remise en question ou une autre vision du monde que celle infligée par l’armée américaine.

De fait et sans être particulièrement familier avec le bonhomme ou son travail, je n’ai pas été particulièrement surpris de voir que Dave Anthony, ancien scénariste et game director de CoD Black Ops était tout à fait sérieux dans son délire de placer des militaires en civil dans les écoles américaines pour prévenir de la menace intérieure. Et plutôt finaud, le monsieur anticipe les quelques voix dissidentes qui pourraient s’élever en expliquant que telle une franchise commerciale, l’idée devra être markétée encore et encore jusqu’à ce que les gens en soient convaincus avant même qu’elle ne soit mise en application.

Il pousse même sa petite comparaison entre la surveillance et les Call of Duty en expliquant que l’état américain et la série des Call of Duty partagent des situations similaires : les deux étant “au meilleur de leur forme, les meilleurs du monde à ce qu’ils font et doivent faire face à des ennemis qui les descendront à la moindre opportunité”.

L’ami Dave n’a pourtant pas été jusqu’à dire que l’affaire Snowden est un peu comme Call of Duty Ghost : l’épisode qui a définitivement achevé de faire passer les créateurs de gros lourds notoires à affreux créateurs de chimères incontrôlables.

Pour ma part je retourne voir les films de Spielberg où les méchants ne s’en sortent généralement pas si bien. C’est beaucoup plus amusant, et ça me fait oublier que je ne me fais plus toujane.
En espérant juste que les gens adhèrent moins à ces propos qu’à leurs kallhoffes annuels, ou qu'au moins ils se rendent compte qu'exactement comme pour CoD 2, il s'agit d'abord et avant tout d'un bien joli écran de fumé destiné à ne pas trop regarder le comportement irrationnel des gens qui sont derrière.

Aucun commentaire