> 300 planches et pas de fausse hanche

New Deal

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Pierre
3 commentaires
Il est assez admis que la vie privée est une relique du passé, que les Google, Microsoft, Apple et autres Amazon du monde en savent bien plus sur nous que nos propres mères.

On tique quand on rentre nos adresses emails, quand on donne nos dates de naissance, quand on utilise un badge NFC dans le métro.
On sait que n’importe quelle andouille qui bosse dans une banque a le loisir de savoir combien on gagne et comment on le dépense.
On voit ces polars où les criminels sont traqués par leurs portables, les logiciels de reconnaissance faciale et vocale appliqués aux caméras de sécurité et aux lignes de téléphones.
On a vécu les révélations du Programme PRISM, on connait la supposée puissance de la NSA, le programme Echelon et la capacité à scanner n’importe quel email, n’importe quelle conversation, chat, skype, sms.

Et pourtant quand j’ouvre mes mails, quand j’allume mes consoles, quand je surf sur le web, je suis abasourdi par le manque de pertinence de la pub à laquelle je suis exposé.
Cas pratique : mon compte paypal ne me sert qu’à deux choses : acheter des jeux vidéo et payer des achats in-game dans des jeux vidéo.
Pourtant par la magie du Customer Relationship Management, je me tape des newsletters me vantant les économies que je peux réaliser en utilisant PayPal pour acheter mes produits de beauté ou en faisant du shopping pour des maillots de bain pour femme.

Ces milliards de teras de données personnelles, ces bases de données qui occupent des fermes de serveurs en Alaska, ces algorithmes créés par des génies des maths, ces systèmes d’information capable de traiter le tout pour exposer des tendances et autres prédictions. Tout ça pour quoi ? Pour qu’on me fasse de la pub pour le produit que je suis le moins susceptible d’acheter au monde ? Vraiment ?
Je suis une caricature, le prototype de l’homme blanc, majeur, geek, consommateur de jeux vidéo, informatique et cinéma. Dans les choses que j’achète, dans les sites que je fréquente, dans les mails que j’écris, dans ces pages ici présentes, tout ou presque de mes pratiques respire la prévisibilité.
Un parfait inconnu pourrait sans doute me placer dans une petite case et tomber juste sur mes envies et mes centres d’intérêts en quelques minutes d’observation.
Mais toute la mécanique de gestion et management de mon activité arrive à se planter dans les grandes largeurs, alors pourquoi ?

Il y a les lois européennes, relativement restrictive dans l’utilisation qu’une société ou un logiciel peut faire de données personnelles. Ok, compris, mais même les notions les plus basiques ?
Pourquoi ma xbox affiche un énorme bloc promotionnel sur ma homepage pour un jeu que j’ai déjà acheté sur le store xbox ?
Pourquoi Amazon m’envoie des newsletters pour me faire la promotion de jeux que j’ai déjà réservé ? Pourquoi Steam me recommande de manière “personnalisée” Slender The Arrival alors que je n’ai aucun jeu d’horreur, de zombies ou de survival horror dans ma liste de jeu ?

Y a-t-il réellement un profil de joueuse acharnée de jeux indépendants PC qui attend avec ferveur les prochaines soldes Diadermine ? Et ce profil est-il suffisamment répandu pour être utilisé par défaut par PayPal ?
Microsoft est-il réellement incapable de faire le lien entre mon historique de facturation et les publicités qu’il affiche à l’écran ?
Suis-je une pure anomalie qui passe au travers d’algorithmes bien trop fins pour ma petite compréhension ras du sol ?

Un développeur bien plus malin que moi m’a dit un jour qu’il faut faire très attention dès lors que l’on commence à avancer des suppositions sur ce que veulent les gens car c’est le meilleur moyen de se tromper et de passer pour un abruti.

Et je crois bien que toutes les grosses sociétés qui font peur en brassant de la donnée ont surtout mis en place le plus coûteux système qui soit pour passer pour des abrutis.

Commentaires

  • FulRoro |
    Ohooh pas mal ce billet j'aime bien, pas trop poussé mais je l'ai particulièrement apprécié. Chai'ap pk.
  • BH |
    Parce que j'y raconte ma vie plus qu'autre chose. Et que du coup s'établit un lien social qui nous rend plus proche. C'est encore un stratagème de notre cru pour devenir maîtres du monde.
    Pendant qu'on est dans le social oublie pas d'en faire profiter tous tes followers sur twitter.
  • Fleau |
    Il était pas bien le bikini ?