> 300 planches et pas de fausse hanche

Masochisme vidéoludique

Masochisme vidéoludique
Pierre
1 commentaire
Je me disais récemment que quand même si on a de moins en moins de jeux frais et originaux, on a aussi sacrément moins de grosses saloperies qui tachent.

Ouais, je sais, pour quelqu’un qui passe son temps à râler c’est une drôle d’affirmation.
Je veux dire, c’est facile de se moquer d’un Assassin’s Creed Unity, d’un Master Chief Collection, d’un Dead or Alive F2P et autres blagues modernes, mais quand j’étais petit c’était la jungle.
On avait déjà les jeux mal terminés, sauf qu’on avait aucun espoir de patch salvateur, ni en Day-one ni après. Le patch arrivait 24 mois plus tard sous forme de suite à 359 francs.
Ho ça on n’avait pas de micro-transactions, mais on n’avait pas non plus de free-to-play pour se tâter avant d’acheter.
Au mieux un shareware à télécharger pendant des jours, au pire une démo officielle sur CD à acheter en bundle avec un magazine hors de prix. Et ça c’est quand on avait la machine à CDs, amis joueurs N64 je vous salue.

Non franchement, imaginez un joueur N64 lambda. Non seulement sa console vendait la RAM séparément, ses manettes étaient faites pour des gens à trois bras, les jeux coûtaient 150 balles de plus que sur PlaySaturn mais il n’y avait pas de démos. Envie d’un jeu de super héros ? Et pourquoi pas Superman ? Sympa Superman, il y a la série animée, qu’est-ce qui pourrait arriver de mal ?

Évidemment on pouvait se ruiner dans des magazines spécialisés, sauf que la presse spécialisée de l’époque c’était pas vraiment la crise d’indépendance post Doritos. Faut dire que les photos au sushi avec les attachés de presse, c’est pas sur twitter que ça tournait.

On pouvait écouter les potes, mais un pote qui avoue avoir claqué tout son argent de poche dans un jeu bien daubé, c’est assez rare. Je peux vous dire qu’officiellement, on l’a tous adoré un Indien dans la ville sur Gameboy.

Alors oui, je sais, on va me dire qu’à l’époque on pouvait aussi acheter plus facilement en occasion, pas d’entourloupe de codes à usage unique. Et puis encore plus simple que l’occaz (ou en tout cas bien moins cher), c’était le moment de pirater comme une porcasse.
Pas de DRMs, pas de Xbox Live, pas de contrôle d’authenticité au delà d’une vague clé multijoueur, passer un CD à la moulinette Alcohol 120 suffisait souvent à faire une copie fonctionnelle d’un jeu, qu’on s’empressait d’aller revendre.

Peut être d’ailleurs que c’est pas entièrement pour rien que les éditeurs se sont mis à foutre toutes ces protections à la con qu’on aime bien descendre. M'enfin moi je dis ça...

En tout cas aujourd’hui comment vendre un jeu VRAIMENT mauvais ? On peut tenter les licences, mais même ça, ça semble aller plutôt mieux.
On peut tenter les jeux au launch des nouvelles consoles, mais avec l’extension de la durée de vie des machines, bah sortir un jeu tous les 7-8 ans, ça fait un peu short pour payer ses employés.
Il y a les simus sportives, mais même dans ce domaine il y a toujours un abruti de concurrent zêlé pour faire des jeux corrects.

Il y a toujours la case Steam à 5 balles. Mais même dans ces cas là, le jeu se fait épingler en moins de deux sur Metacritic et on fait la une de Jimquisition. Et quand Jim Sterling gueule sur un jeu, c’est un peu comme quand les flics débarquent dans une station de métro : on peut remballer son stand de DVD pourris, c’est fini pour la journée.

Il y a bien le mobile, c’est vrai qu’un Play Store c’est encore la jungle. Enfin un peu. Avec des tops, avec des commentaires clients, avec un système de notation et avec des prix allant à tout péter jusqu’à 5 balles, on est assez loin des 450 francs de Superman 64.

Il n’y a simplement plus de place pour les boites de jeux médiocres. Davilex a fermé en 2005, THQ en 2012. Même D3 Publisher appartient désormais à Bandai et ne s’occupe plus que de l’édition de jeux à licence Cartoon Network hors du Japon.

Alors, on vit peut être une bien triste époque, mais au moins on est à l’abri de l’achat d’un bon gros jeu pourri. Enfin, jusqu’au prochain Sonic s’entend.

Commentaires

  • Freytaw |
    Regard lucide sur l’accessibilité des jeux pourris d'antan ! :D
    D'ailleurs, la seule chose qu'on a retenu de cette époque, c'est notre nostalgie qui nous la dicte... Franchement, les cd rayé qu'on nous vendait dans les cours de récré pour trois fois rien avec pléthore de jeux pourrave dessus... c'était pas le nirvana !

    Sinon bon... j'étais un joueur de N64... Ahah
    Fort heureusement, j'ai eu la chance (ou une certaine lucidité) de ne jamais être tenté par des jeux trop pourris. Tout ne valait pas 600 ou 700 francs (suivant les magasins de voleurs dans lesquels on achetait les jeux xO) , mais dans l'ensemble, j'avais une bonne ludothèque, ouf ! Je l'ai échappé belle !