On essayait d’imaginer à quoi pourrait ressembler une critique de film effectuée par un journaliste testeur de jeux vidéo. Le trait est un peu forcé mais on n’est quand même pas bien loin.
Pendant longtemps j’ai pensé que le jeu vidéo allait mûrir, que le média allait grandir et être accepté au même rang que le cinéma par exemple. Que les grands reporters en parleraient dans des journaux un peu intellos entre le dernier François Ozon et l’ouverture d’une expo temporaire dans un obscur musée parisien. Que merde, le jeu deviendrait lui aussi objet de branlette intellectuelle et susciterait des débats poignants sur France Culture à 3h du matin entre deux voix grommeleuses pour savoir quel philosophe Allemand a eu le plus d’influence sur le game designer.
En vieillissant j’ai du me faire une raison. Les jeux n’ont pas grandi aussi vite que moi et ne grandiront probablement jamais. Ils restent un loisir porté par une technologie qu'on ne cesse d'évaluer. Une petite évaluation qui n'a d'ailleurs pas changé d'un pouce depuis mes premiers numéros de Consoles + il y a 15 ans, quel que soit le sujet du jeu, son type, ses intentions, on continue de lire à quel point les graphismes sont en haute définition, le framerate fixé à 60 images par secondes, la maniabilité réussie ou le sound design étalé sur six canaux selon une vague norme indéchiffrable. On met des petits points, des bons quand on est dans la norme ou au dessus, des mauvais quand ce n'est pas du même acabit que le dernier Halo ou le prochain GTA.
Alors oui, la technique est importante, oui une critique ciné va parler de la photo, de la mise en scène, voire dans quelques cas marquants de la 3D et du framerate de l'image. Mais toujours en lien à la note d'intention du réalisateur.
Oui c'est joli, mais de quoi ça parle ?
C'est une question intéressante ça, de quoi ça parle. Faites le test, prenez une review de jeu au hasard sur un site spécialisé et regardez la place qu'y prend la réponse. Quatre lignes au début ? Une phrase dans la conclusion ? Moins ?
Alors que chaque composant a droit à sa petite décomposition scientifique tel un joli gâteau que l'on apprécierait parce que la farine est de qualité, le chocolat équitable, les œufs bios et le sucre glace uniformément réparti.
Et ce qui est tout à fait pratique c'est qu'une telle grille de notation permet de ne jamais faire d'erreur et de ne jamais se laisser aller à une interprétation trop personnelle. Si deux cuisiniers utilisent la même marque de casseroles, leur bouffe doit bien se valoir au bout du compte donc hop, mêmes étoiles chez Michelin, et puis surtout pas de divergence avec les voisins. Vu la technique, hop, 300 remporte l'oscar à l'unanimité, applauses pour Snyder ladies & gents!
Il semble alors que seuls les jeux indépendants aient droit à ce que quelqu'un se demande ce qui a poussé l'équipe à faire le jeu. Bah ouais, si les graphismes n'ont pas de bump mapping et si le son est en midi, de quoi allons-nous bien pouvoir parler ? Alors on saute sur les premiers lieux communs. On parle de poésie s'il n'y a pas de dialogues, on parle de réflexion sur le monde s'il y en a (du monde, pas de la réflexion). On saute sur le moindre petit bout d'élément vaguement arty pour s'exclamer au chef d'œuvre. Et tant pis si au bout du compte on n'a qu'un médiocre jeu de plateforme qui n'a pas fait avancer le schmilblick, il y avait du noir, du blanc et un sound design minimaliste, ça devait être top.
Et ce même si le top n'est pas du tout ce que le développeur voulait faire. Après tout si les joueurs ne s'intéressent pas à ce dont parle le jeu, pourquoi écrire dessus, pas vrai ?
Pendant longtemps j’ai pensé que le jeu vidéo allait mûrir, que le média allait grandir et être accepté au même rang que le cinéma par exemple. Que les grands reporters en parleraient dans des journaux un peu intellos entre le dernier François Ozon et l’ouverture d’une expo temporaire dans un obscur musée parisien. Que merde, le jeu deviendrait lui aussi objet de branlette intellectuelle et susciterait des débats poignants sur France Culture à 3h du matin entre deux voix grommeleuses pour savoir quel philosophe Allemand a eu le plus d’influence sur le game designer.
En vieillissant j’ai du me faire une raison. Les jeux n’ont pas grandi aussi vite que moi et ne grandiront probablement jamais. Ils restent un loisir porté par une technologie qu'on ne cesse d'évaluer. Une petite évaluation qui n'a d'ailleurs pas changé d'un pouce depuis mes premiers numéros de Consoles + il y a 15 ans, quel que soit le sujet du jeu, son type, ses intentions, on continue de lire à quel point les graphismes sont en haute définition, le framerate fixé à 60 images par secondes, la maniabilité réussie ou le sound design étalé sur six canaux selon une vague norme indéchiffrable. On met des petits points, des bons quand on est dans la norme ou au dessus, des mauvais quand ce n'est pas du même acabit que le dernier Halo ou le prochain GTA.
Alors oui, la technique est importante, oui une critique ciné va parler de la photo, de la mise en scène, voire dans quelques cas marquants de la 3D et du framerate de l'image. Mais toujours en lien à la note d'intention du réalisateur.
Oui c'est joli, mais de quoi ça parle ?
C'est une question intéressante ça, de quoi ça parle. Faites le test, prenez une review de jeu au hasard sur un site spécialisé et regardez la place qu'y prend la réponse. Quatre lignes au début ? Une phrase dans la conclusion ? Moins ?
Alors que chaque composant a droit à sa petite décomposition scientifique tel un joli gâteau que l'on apprécierait parce que la farine est de qualité, le chocolat équitable, les œufs bios et le sucre glace uniformément réparti.
Et ce qui est tout à fait pratique c'est qu'une telle grille de notation permet de ne jamais faire d'erreur et de ne jamais se laisser aller à une interprétation trop personnelle. Si deux cuisiniers utilisent la même marque de casseroles, leur bouffe doit bien se valoir au bout du compte donc hop, mêmes étoiles chez Michelin, et puis surtout pas de divergence avec les voisins. Vu la technique, hop, 300 remporte l'oscar à l'unanimité, applauses pour Snyder ladies & gents!
Il semble alors que seuls les jeux indépendants aient droit à ce que quelqu'un se demande ce qui a poussé l'équipe à faire le jeu. Bah ouais, si les graphismes n'ont pas de bump mapping et si le son est en midi, de quoi allons-nous bien pouvoir parler ? Alors on saute sur les premiers lieux communs. On parle de poésie s'il n'y a pas de dialogues, on parle de réflexion sur le monde s'il y en a (du monde, pas de la réflexion). On saute sur le moindre petit bout d'élément vaguement arty pour s'exclamer au chef d'œuvre. Et tant pis si au bout du compte on n'a qu'un médiocre jeu de plateforme qui n'a pas fait avancer le schmilblick, il y avait du noir, du blanc et un sound design minimaliste, ça devait être top.
Et ce même si le top n'est pas du tout ce que le développeur voulait faire. Après tout si les joueurs ne s'intéressent pas à ce dont parle le jeu, pourquoi écrire dessus, pas vrai ?
Commentaires
Mais je te rejoins tout à fait quand tu déplores le fait que le scénario, les idées, l'aspect artistique et tout ne sont pas assez développées. Et la métaphore du cuisinier est bien trouvée d'ailleurs.
Et l'essentiel dans un jeu c'est le gameplay, nop ? C'est vrai qu'on n'en parle peu, ou alors il n'est qu'une note parmi d'autres qui se noie dans une moyenne au final très subjective ou parasitée par les Doritos.