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Diplomatie matinale

Diplomatie matinale
Pierre
3 commentaires
La Gamescom n’est pas de la tarte. Du moins pas une tarte au fromage. C'est plus de l'ordre de la saucisse, Allemagne oblige, comme celle servie avec une moutarde tiède et des sourires forcés aux abords du stand pro de ma boite.

Une saucisse qui se déguste en famille, puisque la grande industrie du jeu est “une petite famille”, ai-je entendu tout au long du salon, parfois même à ma grande surprise de ma propre bouche.
Car voyez-vous, sur la partie business, personne n’est là pour faire du business. A part ces deux gestionnaires d’un site danois, visiblement prêts à me vendre l’Islande en échange d’un peu de pub. Tous les autres viennent d’abord voir des amis et d’ailleurs c’était la meilleure Gamescom depuis des années puisqu’on a vu untel, et unetelle, et viens donc boire un coup avec nous ce soir, on va rencontrer telsautres.

A croire que le succès d’un salon qui coûte un bras, une jambe et une paire de reins est d’abord et avant tout mesuré par la quantité de Kölsch qu’on arrive à descendre bien entouré.

Bref, journalistes essoufflés, chargés de relations presse ennuyés, développeurs motivés, accessoiristes blasés, qu’importe l’équipe, c’est toujours le même rituel à base de serrage de paluches, d’échange de cartes de visites couleur coquille d’œuf avant les inévitables promesses de nouvelles très rapides alors qu’on sait très bien qu’on part en vacances pour un mois juste après le salon.

Mais l’esprit est cordial, voire enthousiaste “on a vu de très belles choses” reconnaissent les uns pendant que leurs cafés refroidissent dès le début de matinée du premier jour. “On va être sur les rotules, tellement on a fait de stands” promettent les autres, oubliant vaguement leurs soirées suralcoolisées de la veille pendant que leurs bières se réchauffent. Bref, même si c’est bruyant, même si on est le stand voisin du concurrent qu’on maudit le reste de l’année, pendant trois jours en Allemagne c’est la paix gourmande entre amis de longue date, entre vieux pôtes quoi.

Mais ça c’est du bon côté de la ligne de démarcation uniquement.
Dès qu’on fait l’erreur d’aller s’encanailler près du public, il n’y a plus d’amis, plus de potes, on se sent alors plus seul qu’un utilisateur de zune.

“J’ai peur quand je vois le monde” glisse le fondateur d’un éditeur de jeux mobiles. “Je me suis retrouvée piétinée l’année dernière” confirme une vétérane de l’industrie qui s’est visiblement retrouvée au mauvais endroit (le stand acti) au mauvais moment (lors de la distribution de tshirts khallof).
“Moi ces gens-là je les supporte pas, il faudrait me payer cher pour aller me retrouver entre tous ces sauvages” renchérit un des comparses comme dans une version modernisée et légèrement moins poétique de Brel.
“Ouais, mais ces gens-là, c’est aussi eux qui nous font vivre…” laisse planer la cofondatrice d’un studio.
“Bah t’as été toi sur la partie publique ?” “Non, mais bon, j’ai passé l’âge aussi”.

Alors je ne sais pas trop ce que c’est “l’âge” pour aller sur la partie consommateur. Visiblement ça commence jeune, vu les nombreuses poussettes que j’ai vu passer et je suis pas sûr que ça se termine très tôt d’après les quelques barbes bien blanches que j’ai vu intriguées autour de jeux de stratégie.

Mais plus que l’âge, le sexe ou la validité, j’ai constaté qu’une certaine persévérance s’impose à quiconque veut tâter de la nouveauté. Avec une bonne demie heure d’attente pour le moindre indé et plusieurs heures pour les AAA, certains n’hésitent pas une seconde à amener leurs chaises pliables de camping, d’autres des tabourets de fortune pour survivre.

Un luxe auquel n’avaient pas forcément droit les développeurs et autres promoteurs de stand comme ce grand type barbu de chez TinyBuild qui vacillait un peu et répondait sans conviction à mes questions le dimanche tout en surveillant d’un œil définitivement hagard son demi bout de morceau de stand composé d’un laptop, d’un hub USB et quatre pads xbox pour jouer à Speedrunners.

“I’m done man… so done.” a-t-il tout juste trouvé la force de murmurer au milieu de la foule dense qui s’excitait pour une distribution de goodies quelconques.

La Gamescom, c’est déjà pas de la tarte côté pro, mais c’est carrément la guerre côté public, une guerre qui ne laissera pas tout le monde indemne.

Voilà qui explique peut être la consommation de Kölsch celà-dit. Prost!

Commentaires

  • Fleau |
    Bien sympa ce billet.

    Vous comptez reprendre un rythme de croisière normal désormais ?
    (j'imagine qu'entre MGS V, Halo 5 et autres, ma question a déjà un élément de réponse...)
  • Gomo |
    On aurait dû reprendre un rythme normal la semaine là mais j'ai sous-estimé la charge de travail que j'ai en ce moment.
    Du coup tout rentra dans l'ordre la semaine prochaine (si ma Mother Base se développe correctement).
  • Fleau |
    Ah super ! :)
    Bonne courage pour ton taff !
    (si tu succombes pas aux micro-paiements, t'auras bien une heure de temps en temps =D)