Penny Arcade est un animal étrange, une sorte de success story qui à l'américaine dont la dérive est au moins aussi intrigante que l'ascension. Pour ceux qui ne seraient pas familier, Penny Arcade c'est l'histoire très simple de deux types qui ont eu la chance de vouloir faire un webcomic sur les jeux vidéo au moment où il n'y avait pas de webcomic sur les jeux vidéo et d'avoir un peu de talent pour le faire. Le succès a été au rendez-vous et de webcomic Penny-Arcade.com est devenu un énorme webcomic, puis le plus gros des webcomics, puis une entreprise, puis un empire.
Aujourd'hui, en plus d'un webcomic, PA, c'est pêle-mêle : une webTV, un site d'actu, un magasin de produits dérivés, une association caritative, un salon de jeu vidéo, une ligne de jeux, du travail de commande, une bourse au mérite etc.
Mais surtout, c'est un nid à emmerdes et un vecteur de hate assez hallucinant. Tels deux grands gosses ravis de jouer dans la boue, Mike et Jerry, les auteurs, s'amusent à sauter sur chaque polémique possible et à s'engouffrer dans des sables mouvants sans jamais cesser de se débattre. Ils se sont frottés au détournement de propriété intellectuelle, aux victimes de viol, aux avocats véreux, à la communauté LGBT, aux développeurs indépendants, aux customer care douteux etc. traînant derrière eux autant d'awards que de casseroles.
Il est de notoriété publique que leurs activités sont extrêmement lucratives, mais cela ne semble pas les avoir empêchés de lancer de multiples campagnes de levée de fond via Kickstarter pour des raisons plus ou moins obscures.
L'un de ces kickstarter, largement financé s'est avéré à l'origine de Strip-Search, une émission de téléréalité (une nouvelle) non pas centrée autour de leurs petites personnes (du moins, pas seulement) mais autour d'une compétition pour trouver le nouvel artiste de webcomic tendance.
Oui oui, ces gens emblématiques d'une génération numérique, qui ont sauté sur absolument toutes les technologies et tous les médias modernes et qui ont passé ces treize dernières années à dresser un portrait acide d'une industrie pas assez innovante se sont tournés en 2013 vers la formule la plus basique de télé réalité telle qu'elle existe depuis près de 15 ans avec candidats, épreuves, jurys et élimination. Tout le décor d'une émission M6 bas de gamme est réuni pour une série d'épisodes youtube qui reproduisent à la lettre les codes de n'importe quel télé crochet.
Sauf qu'aussi drôle que puisse être Penny Arcade version comic, les deux auteurs n'ont rien de producteurs de télé et ce qui devait être une énième variation de la machine à imprimer des billets Penny Arcade s'est vite transformé en une série bizarre, à coté de ses objectifs, gênante et donc particulièrement immanquable.
Techniquement, le show est déjà le cul entre deux chaises avec un rythme bizarre, longuet, mou, où il semble que le monteur a peiné à trouver des plans intéressants. Le présentateur apathique et à la voix peu convaincue n'aide pas.
Les candidats sont tous déjà des semi-professionnels du webcomic avec des styles bien marqués. Ils ne peuvent donc pas être départagés sur leur style ou leur compréhension du média et finissent par réaliser des épreuves ubuesques où il s'agira de signer des autographes, de faire du karting ou de répondre à des questions sur l'histoire de Seattle. Ils ont tous un niveau d'éducation les empêchant de se ridiculiser ou de tomber dans les pièges les plus basiques tendus par la production. A aucun moment il n'y a la moindre entente, le moindre coup bas ou la moindre tension entre les candidats, justement parce qu'il ne s'agit pas d'une bande d'abrutis triés pour leur potentiel de stupidité.
Si le show ne manque jamais d'appeler les candidats "artists", toute la notion artistique est dégagée dès la première épreuve consistant à designer un tshirt vendu par la suite dans la boutique PA. On est là pour faire de l'argent, et le peu d'ambigüité qui pourrait rester à ce sujet est balayé par le défilé de sponsors qui viennent vendre leurs produits bien plus qu'ils ne participent à l'émission.
Enfin il y a Jerry & Mike, recyclés en juges lyncheurs tous les deux épisodes et tentant vainement de se moquer de planches pour lesquelles ils ont visiblement une grande admiration. Les règles de leurs éliminatoires semblent absurdes, arbitraires, pas vraiment explicitées et leurs conseils sont inexistants. Les blagues volent au ras des pâquerettes et se plantent lamentablement face à des candidats à la tête bien faite qui semblent les seuls à essayer de relever le niveau.
Le show ne fonctionne donc jamais au niveau où les créateurs l'ont voulu, mais montre les limites claires d'une entreprise bien trop grosse pour ses propres épaules et prouve d'une très chouette manière que même avec beaucoup d'argent et de bonne volonté, on ne peut pas transformer n'importe qui ou n'importe quel sujet en une mascarade bas du front.
Et de ce point de vue là, j'ai été sacrément rassuré.
Aujourd'hui, en plus d'un webcomic, PA, c'est pêle-mêle : une webTV, un site d'actu, un magasin de produits dérivés, une association caritative, un salon de jeu vidéo, une ligne de jeux, du travail de commande, une bourse au mérite etc.
Mais surtout, c'est un nid à emmerdes et un vecteur de hate assez hallucinant. Tels deux grands gosses ravis de jouer dans la boue, Mike et Jerry, les auteurs, s'amusent à sauter sur chaque polémique possible et à s'engouffrer dans des sables mouvants sans jamais cesser de se débattre. Ils se sont frottés au détournement de propriété intellectuelle, aux victimes de viol, aux avocats véreux, à la communauté LGBT, aux développeurs indépendants, aux customer care douteux etc. traînant derrière eux autant d'awards que de casseroles.
Il est de notoriété publique que leurs activités sont extrêmement lucratives, mais cela ne semble pas les avoir empêchés de lancer de multiples campagnes de levée de fond via Kickstarter pour des raisons plus ou moins obscures.
L'un de ces kickstarter, largement financé s'est avéré à l'origine de Strip-Search, une émission de téléréalité (une nouvelle) non pas centrée autour de leurs petites personnes (du moins, pas seulement) mais autour d'une compétition pour trouver le nouvel artiste de webcomic tendance.
Oui oui, ces gens emblématiques d'une génération numérique, qui ont sauté sur absolument toutes les technologies et tous les médias modernes et qui ont passé ces treize dernières années à dresser un portrait acide d'une industrie pas assez innovante se sont tournés en 2013 vers la formule la plus basique de télé réalité telle qu'elle existe depuis près de 15 ans avec candidats, épreuves, jurys et élimination. Tout le décor d'une émission M6 bas de gamme est réuni pour une série d'épisodes youtube qui reproduisent à la lettre les codes de n'importe quel télé crochet.
Sauf qu'aussi drôle que puisse être Penny Arcade version comic, les deux auteurs n'ont rien de producteurs de télé et ce qui devait être une énième variation de la machine à imprimer des billets Penny Arcade s'est vite transformé en une série bizarre, à coté de ses objectifs, gênante et donc particulièrement immanquable.
Techniquement, le show est déjà le cul entre deux chaises avec un rythme bizarre, longuet, mou, où il semble que le monteur a peiné à trouver des plans intéressants. Le présentateur apathique et à la voix peu convaincue n'aide pas.
Les candidats sont tous déjà des semi-professionnels du webcomic avec des styles bien marqués. Ils ne peuvent donc pas être départagés sur leur style ou leur compréhension du média et finissent par réaliser des épreuves ubuesques où il s'agira de signer des autographes, de faire du karting ou de répondre à des questions sur l'histoire de Seattle. Ils ont tous un niveau d'éducation les empêchant de se ridiculiser ou de tomber dans les pièges les plus basiques tendus par la production. A aucun moment il n'y a la moindre entente, le moindre coup bas ou la moindre tension entre les candidats, justement parce qu'il ne s'agit pas d'une bande d'abrutis triés pour leur potentiel de stupidité.
Si le show ne manque jamais d'appeler les candidats "artists", toute la notion artistique est dégagée dès la première épreuve consistant à designer un tshirt vendu par la suite dans la boutique PA. On est là pour faire de l'argent, et le peu d'ambigüité qui pourrait rester à ce sujet est balayé par le défilé de sponsors qui viennent vendre leurs produits bien plus qu'ils ne participent à l'émission.
Enfin il y a Jerry & Mike, recyclés en juges lyncheurs tous les deux épisodes et tentant vainement de se moquer de planches pour lesquelles ils ont visiblement une grande admiration. Les règles de leurs éliminatoires semblent absurdes, arbitraires, pas vraiment explicitées et leurs conseils sont inexistants. Les blagues volent au ras des pâquerettes et se plantent lamentablement face à des candidats à la tête bien faite qui semblent les seuls à essayer de relever le niveau.
Le show ne fonctionne donc jamais au niveau où les créateurs l'ont voulu, mais montre les limites claires d'une entreprise bien trop grosse pour ses propres épaules et prouve d'une très chouette manière que même avec beaucoup d'argent et de bonne volonté, on ne peut pas transformer n'importe qui ou n'importe quel sujet en une mascarade bas du front.
Et de ce point de vue là, j'ai été sacrément rassuré.
Commentaires
Par contre, je n'ai pas compris la blague de votre webcomic ! x)
On imaginait que dans la saison deux ils pourraient exploiter des petits indiens pour dessiner les BD à leur place.
Rigolo !