Dans un sursaut de lucidité, Gomo s’est insurgé cette semaine contre le transfert de pouvoir sur ce qu’il est censé posséder et contrôler à diverses entités situées à l’autre bout du monde.
Le phénomène n’a certes, rien de nouveau et le chevalier Bayart et consorts militent depuis quelques décennies contre cette centralisation d’internet à des portails de conglomérats qui va à l’encontre même de l’idée de réseau en web où chaque nœud est autonome et indépendant des autres.
Mais il semble que plus que jamais les intérêts des différentes sociétés qui mettent apps et services à notre disposition bifurquent loin, très loin des intentions initiales qui nous y avaient poussées.
iTunes n’est plus le media player pour mac permettant d’organiser sa bibliothèque, c’est avant tout autre chose le plus grand magasin de musique en ligne qui n’a qu’une idée en tête : vendre quelques morceaux de plus.
Le Xbox Live et PlayStation Network ont quitté il y a bien longtemps leurs humbles débuts de plateformes de jeu pour devenir des portails multimédias où, dans la petite utopie de quelques patrons, tout un chacun peut acheter jeux, films, musiques, séries et applications avec la même carte de crédit.
C’est pour ça que iTunes fourmille d’options pour lancer des playlists d’une précision ridicule alors qu’y trier sa bibliothèque où y effacer le passage de U2 est toujours aussi pénible.
C’est pour ça que le deuxième onglet de mon interface Xbox montre le top des programmes plébiscités sur la TNT (spoiler alert : ça finit toujours sur de la télé réalité) bien que je ne regarde jamais la télé sur Xbox, et on me propose les derniers résultats des matchs de la NFL alors même que mon pays ne dispose pas d’équipe nationale de Foot US.
Ce n’est pas grave, quelqu’un quelque part dans le monde a signé un juteux contrat qui lui donne une exclue sur du contenu, et tant pis si l’expérience utilisateur s’en retrouve moins pertinente au passage. Les différences culturelles et les préférences personnelles doivent s’effacer sous le rouleau-compresseur de la machine mondiale.
Parce que ce qui effraie le plus les responsables de marque, c’est bien le manque d’uniformité. Cette idée qu’une marque puisse représenter deux choses différentes pour deux personnes différentes ouvre la porte à des marques multiformes et variées qui deviennent de fait totalement incontrôlables. Et l’expérience utilisateur est la face immédiatement visible de tout produit ou logiciel informatique moderne, il faut qu’elle réponde à un cahier des charges, à une identité visuelle qui doit varier le moins possible. Ce n’est pas pour rien que la première ‘New Xbox Experience’, introduite en 2008 avait, entre autres, pour but de limiter drastiquement la part de personnalisation du dashboard 360 en évacuant ces lames latérales complètement customisables au profit de couleurs et polices uniformes.
Vous me direz, à raison, que si je n’aime pas iTunes, je peux toujours retourner sous winamp et que si je déteste autant l’interface Xbox One, je n’ai qu’à passer à la PlayStation. Sauf que voilà, en plus de l’uniformisation de l’expérience, tous les fabricants de logiciels modernes se font un devoir de réfléchir à des moyens de plus en plus malins d’ériger des switching costs, ou coûts de transition, toujours plus élevés.
Ces coûts de transitions représentent toutes les barrières sociales, financières et psychologiques qui font qu’à toutes choses égales par ailleurs un consommateur va préférer utiliser un produit ou service inférieur parce qu’il l’utilisait par le passé.
Et puisque les fabricants de consoles et logiciels n’ont généralement pas accès aux mêmes méthodes de blocage du marché que les opérateurs téléphoniques ou internet, ils rusent avec des prétendus cadeaux.
Achievements, jeux gratuits, listes d’amis, applications achetées, rétrocompatibilité, option famille, format spécifique de fichiers, partage divers et variés… toutes ces mesures que l’on ignore au quotidien deviennent autant de raisons de rester fidèle à un écosystème au moment de passer à la génération suivante. Nos comptes Apple, Google, Microsoft, Sony, Nintendo prennent une valeur monétaire et émotionnelle qui affectent notre pure rationalité de consommateurs et nous poussent à faire des choix idiots.
Comme d’avoir à se taper de la NFL tout en s’énervant sur iTunes, par exemple.
Le phénomène n’a certes, rien de nouveau et le chevalier Bayart et consorts militent depuis quelques décennies contre cette centralisation d’internet à des portails de conglomérats qui va à l’encontre même de l’idée de réseau en web où chaque nœud est autonome et indépendant des autres.
Mais il semble que plus que jamais les intérêts des différentes sociétés qui mettent apps et services à notre disposition bifurquent loin, très loin des intentions initiales qui nous y avaient poussées.
iTunes n’est plus le media player pour mac permettant d’organiser sa bibliothèque, c’est avant tout autre chose le plus grand magasin de musique en ligne qui n’a qu’une idée en tête : vendre quelques morceaux de plus.
Le Xbox Live et PlayStation Network ont quitté il y a bien longtemps leurs humbles débuts de plateformes de jeu pour devenir des portails multimédias où, dans la petite utopie de quelques patrons, tout un chacun peut acheter jeux, films, musiques, séries et applications avec la même carte de crédit.
C’est pour ça que iTunes fourmille d’options pour lancer des playlists d’une précision ridicule alors qu’y trier sa bibliothèque où y effacer le passage de U2 est toujours aussi pénible.
C’est pour ça que le deuxième onglet de mon interface Xbox montre le top des programmes plébiscités sur la TNT (spoiler alert : ça finit toujours sur de la télé réalité) bien que je ne regarde jamais la télé sur Xbox, et on me propose les derniers résultats des matchs de la NFL alors même que mon pays ne dispose pas d’équipe nationale de Foot US.
Ce n’est pas grave, quelqu’un quelque part dans le monde a signé un juteux contrat qui lui donne une exclue sur du contenu, et tant pis si l’expérience utilisateur s’en retrouve moins pertinente au passage. Les différences culturelles et les préférences personnelles doivent s’effacer sous le rouleau-compresseur de la machine mondiale.
Parce que ce qui effraie le plus les responsables de marque, c’est bien le manque d’uniformité. Cette idée qu’une marque puisse représenter deux choses différentes pour deux personnes différentes ouvre la porte à des marques multiformes et variées qui deviennent de fait totalement incontrôlables. Et l’expérience utilisateur est la face immédiatement visible de tout produit ou logiciel informatique moderne, il faut qu’elle réponde à un cahier des charges, à une identité visuelle qui doit varier le moins possible. Ce n’est pas pour rien que la première ‘New Xbox Experience’, introduite en 2008 avait, entre autres, pour but de limiter drastiquement la part de personnalisation du dashboard 360 en évacuant ces lames latérales complètement customisables au profit de couleurs et polices uniformes.
Vous me direz, à raison, que si je n’aime pas iTunes, je peux toujours retourner sous winamp et que si je déteste autant l’interface Xbox One, je n’ai qu’à passer à la PlayStation. Sauf que voilà, en plus de l’uniformisation de l’expérience, tous les fabricants de logiciels modernes se font un devoir de réfléchir à des moyens de plus en plus malins d’ériger des switching costs, ou coûts de transition, toujours plus élevés.
Ces coûts de transitions représentent toutes les barrières sociales, financières et psychologiques qui font qu’à toutes choses égales par ailleurs un consommateur va préférer utiliser un produit ou service inférieur parce qu’il l’utilisait par le passé.
Et puisque les fabricants de consoles et logiciels n’ont généralement pas accès aux mêmes méthodes de blocage du marché que les opérateurs téléphoniques ou internet, ils rusent avec des prétendus cadeaux.
Achievements, jeux gratuits, listes d’amis, applications achetées, rétrocompatibilité, option famille, format spécifique de fichiers, partage divers et variés… toutes ces mesures que l’on ignore au quotidien deviennent autant de raisons de rester fidèle à un écosystème au moment de passer à la génération suivante. Nos comptes Apple, Google, Microsoft, Sony, Nintendo prennent une valeur monétaire et émotionnelle qui affectent notre pure rationalité de consommateurs et nous poussent à faire des choix idiots.
Comme d’avoir à se taper de la NFL tout en s’énervant sur iTunes, par exemple.
Commentaires