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Crash Course!

Crash Course!
Pierre
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De temps en temps, il se passe des choses inexpliquées dans le monde. Un événement rare, qui n'a pas de sens direct, qui ne peut s'expliquer par un raisonnement logique ou qui défie les lois de la compréhension traditionnelle. Certains en profitent pour attribuer l'événement en question à l'objet de leur culte. D'autres y voient la preuve de la complexité du monde et du chemin restant à parcourir pour la science et la compréhension de notre environnement.

Quelle que soit votre habituel scepticisme vis à vis des miracles, soyez-en sûr la dernière idée saugrenue de la campagne marketing de Sega et Creative Assembly sur Total War Rome II en est bien un.
Pour ceux qui n'auraient pas suivi l'affaire, la légende veut qu'en fin de stratégie (comprendre juste à la sortie du jeu), et alors même qu'il restait un poil d'argent dans les caisses dédiées à la promotion de Total War Rome II l'idée saugrenue de remplacer les traditionnelles bannières de pub par un cours d'Histoire en ligne a germée chez CA.

Et attention, quand je dis "germée", je veux dire que quelqu'un a eu cette idée, qu'elle a été discutée, qu'elle a été approuvée, qu'elle a été rendue possible financièrement par des gens dont le seul but est de rendre possible le retour sur investissement positif du produit qui a monopolisé l'attention du studio depuis plusieurs années.

C'est à dire qu'au lieu d'utiliser jusqu'au dernier centime prévu pour la promotion du titre, afin d'exposer quelques personnes en plus, d'obtenir quelques joueurs, quelques ventes supplémentaires, ces personnes du Studio ont dit : aller c'est fini, on est confiants dans le fait que l'on a fait tout ce qu'on pouvait raisonnablement faire pour faire de ce titre un succès et sauver l'emploi des quelques 300 employés du studio et on va faire quelque chose de profondément humaniste avec les quelques billets qu'il nous reste.

C'est ainsi que sont née les quelques vidéos de Extra Credit dédiées aux Guerres Puniques opposant Rome et Carthage deux siècles avant Jésus Christ. Le résultat est relativement égal à ce que Extra Credit a l'habitude de faire, des dessins et images qui défilent rapidement avec un commentaire en voix off dans le plus pur esprit de l'enseignement internet moderne. On n'est pas dans une optique de cours exhaustif, ni même dans un strict respect des valeurs d'éducations et j'imagine facilement des profs s'arracher un peu les cheveux à la manière dont sont expédiés faits et contextes. Mais qu'importe le discours est fun, intéressant et suffisamment bien mis en scène pour que l'on comprenne immédiatement les enjeux et l'issue des problèmes.

C'est un peu fait dans l'esprit de Crash Course, une série de cours éducativo-funs qui dynamitent l'idée que l'on peut se faire d'un enseignement en quelques vidéos sur Youtube. Si ça ne remplace certainement pas un cours construit et un bon prof réel, ça rend quand même sacrément jaloux des jeunes qui ont désormais accès à un large panel de versions bis de leurs cours de collège-lycée-fac produit par les gens passionnés et passionnants que j'ai souvent cherché dans mes propres salles de classe.

En tout cas, et si on m'a déjà reproché de voir souvent en noir les idées bizarres de l'industrie du jeu, je ne peux que tirer mon chapeau à Creative Assembly et Sega pour avoir rendu possible une telle opération de branding qui donne un nouveau sens aux opérations marketing décalées et à une approche du problème hors de la petite boite imposée par la discipline. Sans doute le plus beau coup depuis le regretté Segata Sanshiro.

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