> C'est pas top, mais toujours mieux que la concurrence

Déclaration d'indépendance

Déclaration d'indépendance
Pierre
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En se rachetant au groupe Vivendi-Universal pour la coquette somme de 8.2 milliards de dollars, Activision-Blizzard s'affranchit de maison mère et devient donc une sorte d'indépendant. Bon pas complètement puisqu'au dessus du board il y a encore les actionnaires dont quelques poids lourds de l'investissement (coucou Tencent !), mais au final la bourse c'est un peu comme une bonne grosse campagne de crowdfunding.

Robert Kotick, l'actuel PDG d'Activision ayant payé avec son groupe d'investissement 2.34 milliards de la transaction, ne sera donc toujours pas seul maître à bord, mais il sera désormais tout en haut du management de la plus grande société de jeu vidéo occidentale. On peut penser ce que l'on veut de l'homme qui voulait retirer le fun de l'industrie du jeu, il est surtout l'homme qui a réussi à transformer les produits de sa boite en poules aux oeufs d'or.
Call of Duty et Skylanders seuls représentent tous les Noëls la dette de quelques pays Africains. Alors certes, Bobby et sa société ne font sans doute pas beaucoup pour la maturité des jeux, de leurs thèmes et de leurs approches, mais ils ont définitivement achevé la transition du jeu vidéo du loisir de nerds à la plus grosse branche du divertissement mondial.

Et si cette partie hardcore business est bien ce qui rend Activision-Blizzard et Bobby Kotick aussi impopulaires auprès des joueurs, c'est ironiquement la seule raison pour laquelle les blockbusters sont possibles. Too big to fail, les 'autres' productions AB sont des machines calibrées pour le succès, quel que soit le groupe-cible. Kids, ados, adules, skateurs, rockeurs, cinéphiles, joueurs en ligne, tout le monde y passe, tout le monde a son petit jeu pour l'hiver et tout le monde craque, parce que la puissance commerciale est incomparable.
Les créateurs de Call of Duty peuvent bien jouer les vierges effarouchées en expliquant avoir perdu leur âme chez Acti, tout en remontant un FPS multi chez EA, si leurs jeux ont percé le marché ultra saturé des FPS seconde guerre mondiale, et notamment les Medal of Honor chez EA, c'est avant tout grâce au savoir faire d'Activision lorsqu'il s'agit d'exploser un marché. Ce qui ne semble pas avoir échappé à Bungie qui a changé de poney après 10 ans dans l'écurie Microsoft et sans doute quelques âpres négociations de contrats.


Des discussions financières qui doivent laisser Notch de marbre tellement son statut de rockstar du développement indépendant semble lui peser ces derniers temps. Après l'annulation de son 0x10c il a déclaré ne plus vouloir bosser sur un "gros projet". Trop de popularité, trop de regards braqués et sans doute trop d'attente, une autre preuve qu'il n'y a pas besoin d'actionnaires pour avoir la pression et que développer un hit dans l'ombre n'est sans doute possible qu'une seule fois.


Pas vraiment de nouvelle de concept depuis, ni d'annonce quant au futur de Mojang, à part continuer à se rouler dans le pognon généré par Minecraft. Ce qui me semble mettre en lumière un fait tout simple que le mouvement indé et les journalistes qui le couvrent semblent essayer d'esquiver : en devenant développeur indépendant et donc en s'affranchissant d'un éditeur on ne fait pas disparaître l'éditeur de l'équation. On en accepte le rôle avec ce que cela implique de position éditoriale, de gestion financière, de relations presse et communautaire, de communication, de relations first-party et de business-développement etc. En d'autres termes tout le travail hors développement est toujours présent sous une forme ou une autre et quiconque cherche a obtenir la liberté totale de ses créations devrait sérieusement se demander s'il est prêt à assumer les tâches et responsabilités qui vont avec. Et entre les estimations financières ratées de Schafer, les ragequits de Fish, les problèmes relationnels de la Team Meat, le besoin de rattachement à un éditeur de Blow, il y a visiblement encore un peu de chemin à faire.

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