> 300 planches et pas de fausse hanche

Sous-traitance

Sous-traitance
Pierre
2 commentaires
Si j’avais du faire mon top 2014, j’imagine que j’aurais tenté d'y mettre Wolf Among Us.
Et j’aurais sans doute été bien emmerdé parce que c’est un de ces jeux qui auraient gagné à ne pas en être un.

Contrairement au reste du monde, semble-t-il, je n’avais pas fait grand cas du Walking Dead de Tell Tales, trop cache-misère dans sa technique, trop prétentieux dans sa volonté d’imposer un faux choix et au final un peu superficiel dans sa construction.

J’ai torché l’épisode gratuit avant d'être un peu agacé par ceux qui y voyaient de toute évidence beaucoup plus que moi : “Han t’as pas fini Walking Dead ?” “Mais c’est genre le meilleur jeu de l’année, et même de la décennie !” “J’ai même PLEURÉ à la fin ! T’as pas pleuré toi ? Je suis sûr que tu vas pleurer !”

Non j’ai pas pleuré, parce que j’ai pas vu la fin, et comme j’ai un ego surdimensionné, je vais même pas acheter la saison, na !

Puis les gens ont commencé à parler de Wolf Among Us, l’adaptation du comics Fables, et je me suis fermé comme pour walking dead et la démo a trainé sur mon disque dur pendant pas loin de six mois avant que je me décide à la lancer.

Et là, le drame. Dès l'intro la direction artistique fait mouche, la musique assure une ambiance parfaite, la mise à jour des dessins de Willingham est une vraie réussite, le héros a une classe folle et le doublage n’est pas en reste.

J’ai ravalé ma fierté et j’ai acheté la saison complète un jour de soldes et j’imagine que j’y ai trouvé ce que les fans de zombies avaient vu dans Walking Dead : une revisite de l’aventure dont vous êtes le héros avec des décisions instantanées (spoiler alert: jamais les bonnes) qui invitent un peu de réaction humaine là où on a pris un regard de joueur cynique et averti qui déjoue le gamedesign avant qu’il ne se déroule.
Ho le chemin avance par la droite ? Laissez-moi aller chercher les bonus probablement cachés à gauche d’abord !

Pas de bonus, pas de de secrets et à vrai dire quasiment plus rien de la base de jeux d’aventure, juste du dialogue et quelques QTEs idiots pour boucher les trous tout en niant au passage l’intelligence du joueur limité à un singe savant qui reproduit les touches à l’écran.

Le problème est que si j’ai enfin embrassé le style du jeu grâce à un univers et une DA soignés, le moteur n’a pas changé pour autant et le titre est complètement plombé par une technique hors d’âge qui semble s’étouffer dès que trois animations sont déclenchés à la fois. Ça charge des plombes, ça toussote autant qu’un asthmatique dans un grenier, les sous-titres tiennent plus du fan-sub que du travail de pro, bref c’est bien dégueulasse à tous les niveaux.

Pire encore, régulièrement le jeu est en avance sur le chargement et les options de dialogue n’apparaissent qu’après la fin du temps imparti ou les commandes du QTE s’affichent après avoir été ratées.

Dans tous les sens on commence à sentir les limites d’un budget sans doute mini et d’outils complètement dépassés. C’est entre deux grognements que je me suis demandé pourquoi le jeu n’est pas juste une série de films d’animations ou machinimas à regarder sur netflix en épisodes d'une heure.

Après tout si les choix n’ont pas réellement de conséquence, si les QTEs sont idiots et si l’écriture prime sur l’interactivité, pourquoi ne pas suivre tout ça passivement en appréciant la mise en scène comme on lisait la BD originale ?

Et c’est là que j’ai mis le doigt sur ce qui m’avait le plus gêné sur Walking Dead : pourquoi jouer au jeu, si la série téloche et le comics offrent une expérience similaire mais plus sympa d’un point de vue artistique ?

Tell Tales a des idées sympas, mais qui manquent un peu de discernement quant au médium utilisé. Et ils feraient bien de prendre des cours accélérés avec Nintendo parce que j’ai quelques doutes quant à la solidité de l’univers de leur prochain jeu.

Commentaires

  • FulRoro |
    Ahah eheh mais c'est que les strips commencent à être vraiment rigolos !
  • BH |
    Hey, Gomo a tenu 150 planches sans caser de Gibbon, je sais pas comment il a fait, je t'en aurais casé ça partout moi.