> 300 planches et pas de fausse hanche

Sky's the limit

Sky's the limit
Pierre
2 commentaires
Les proverbes, c’est comme les boulets : ça ne sert à rien mais on en connaît tous au moins un. En l'occurrence j’ai sous la main pour vous : “Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse” puisque c’est ce qui m’a longtemps servi de leitmotiv en ce qui concerne les éditions collectors.

Lourdes, embarrassantes, inutiles, elles n’offrent finalement qu’un détournement idiot de l’expérience du jeu. Pourquoi payer un prix fou pour quelques figurines mal foutues quand on peut télécharger le jeu pour rien du tout ou presque sur Steam.
J’avais écrit ici que les éditions collector bénéficient d’une marge plus importante que les éditions standards et représentent donc le cynisme ultime qui consiste à faire son beurre sur les fans les plus hardcores.

Et puis j’en ai vu passer d’autres et d’autres encore. Des Pip-boy Fallout, des avions télécommandés, des lunettes de vision nocturne, des batmobiles avortées pour finalement tomber sur ce mini-frigo Call of Duty.

Fini le swag en lien avec le jeu, finis les jouets pour ado, adulescents et grands enfants, finis les contenus numériques ou les figurines pseudo classes. Bienvenue dans l’ère du brossage de poil over 9000.
A l’heure où les majors Hollywoodiennes donnent à leurs publics ce qu’ils veulent jusqu’à en crever mais certainement pas un poil de cul supplémentaire, Activision opère la magie du goodie utile façon grand Charles en Algérie.

Oui brodudes de tous pays, fratboys sur le retour, petits frères pressés d’imiter les grands, beaufs du dimanche et streamers à ma solde: je vous ai compris.
Vous voulez du Call of Duty, vous aurez du Call of Duty.
Vous voulez des DLCs PS4, vous aurez du DLC PS4.
Vous voulez du mode zombies, vous aurez du mode zombies.
Vous voulez boire de la bud light, vous aurez le frigo adéquat.

L’occasion parfaite d’asseoir mes convictions, de traiter Acti d’acti, de me pincer le nez et de me gausser en montrant du doigt l’éléphant dans le magasin de porcelaine.

Sauf que pas vraiment en fait, vu qu’en quelques heures les éditions mini-frigos de CoD 12 ont toutes trouvé acquéreur. Non seulement il y a une demande mais une demande particulièrement agressive de surcroît. Alors oui, dans un sens il est facile de se rassurer en songeant qu’il s’agit là de la lie de l’humanité, des brigands qui n’ont aucune idée de ce qu’est le vrai gaming ou la vraie bière puisqu’on est en plein dedans. Mais quand même Activision a tapé en plein dans le mile, encore une fois et a réussi, le temps d’un week-end, à rendre excitante la plus morne des licences modernes, encore une fois.

Et moi de me souvenir tout à coup d’un collègue défendant corps et âme un nom obscure pour une édition collector dans une espèce de blague privée compréhensible par une petite niche de fans mordus face à une hiérarchie de directeurs (passé 30 ans, tout le monde est directeur de quelque chose dans le jeu vidéo) qui faisaient le forcing pour une appellation plus classique.

Directeur X: On ne peut pas utiliser ton obscure référence le marketing c’est l’art d’emmener une marque vers le plus grand nombre.
Collègue Y: On se doit d’utiliser la référence la plus obscure possible, le marketing c’est l’art de montrer à sa cible que le produit est sur la même longueur d’onde.

Je n’y ai pas cru sur le moment, puis une semaine plus tard, j’ai eu vent d’un fan Néo-Zélandais qui a obtenu que cette même édition collector sorte dans son pays. A un niveau ou un autre, il a trouvé quelque chose dans cette version de tellement en adéquation avec ce qu’il ressentait, qu’il s’est senti obligé de harceler notre PDG par e-mail au sujet du scandale que représentait pour lui son indisponibilité.

En sommes, je ne pense plus que les éditions collectors soient autant des abominations qui détournent du vrai jeu. Je pense qu’elles rassemblent justement toute la ferveur des fans dans un produit qui leur est dédié. Je préfère ça mille fois aux promesses boiteuses des projets Kickstarters qui réservent cette promesse pour le jeu en lui-même aux dépends de toute forme d’originalité, de toute innovation.

Et puis au final les éditions collectors c’est comme les proverbes, ça a beau ne servir à rien, on en a tous au moins une.

Commentaires

  • Michel is back |
    "(passé 30 ans, tout le monde est directeur de quelque chose dans le jeu vidéo) "

    Hey! Je suis pas directeur moi !
  • Pierre |
    Bah ouais, c'est sans doute parce que tu dois passer plus de temps à faire ton boulot qu'à essayer d'obtenir une promotion, quelle drôle d'idée aussi !

    Aller, je te fais directeur des bonnes idées, tu l'as bien mérité.