> C'est pas top, mais toujours mieux que la concurrence

Funambule

Funambule
Pierre
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La R&D c’est comme l’agriculture : ça marche par mouvements de balancier. Un coup on sème et un coup on récolte. Une question de timing avant tout et une capacité à serrer les fesses entre les deux mouvements pour ne pas perdre le rythme.

Quand Microsoft annonçait fièrement « le plus gros lineup de l’histoire de la xbox » à Noël dernier, ce n’était pas entièrement des blagues. Un nouveau Halo, un nouveau Forza, un nouveau Tomb Raider, un ancien Gears of War remasterisé, des vieilles gloires Rareware volées à Nintendo, c’est peut-être pas une révolution en soi, mais dans une industrie de plus en plus frileuse vis-à-vis des exclusivités c’était techniquement un joli coup.

Et si Microsoft n’a pas attendu bien longtemps pour fanfaronner sur ses canaux, la réalité est que malgré son manque d’exclusivités, la PS4 s’est mieux vendue sur le marché Américain en Novembre et Décembre en raflant notamment la mise sur les jeux multi-support comme CoD, Fallout ou Battlefront.

2016 s’annonce alors particulièrement sanglant puisqu’il ne s’agit plus d’une année de récolte pour MS, mais bien de serrage de fesses. Entre un Recore qui fait un peu de peine façon puzzler XBLA overhypé, un Gears of War 4 bien joli mais désespérément figé dans un passé qui sent le renfermé, un Dead Rising 4 tellement vilain qu’on abattrait sur un champ de course, c’est encore Forza Horizon 3 qui tire le plus son épingle du jeu mais qui reste la troisième suite d’un spin-off d’un jeu de bagnole...

Oubliez tout espoir de jouer à Halo Wars 2, State of Decay 2, Scalebound, Crackdown 3 ou Sea of Thieves cette année : tous sont prévus pour 2017, si tant est qu’ils ne soient pas annulés entre-temps comme ce pauvre Fable Legends, autrefois brandi comme étendard de la marque Xbox.

Alors pour en avoir un peu sous le coude quand même à l’E3, Spencer a misé sur le hardware, l’autre versant de la R&D qui porte ses fruits les années sans jeux : nouvelle console S, nouveau projet Scorpio, promesses de VR et engagement sur le jeu PC.
Vous n’avez rien compris ? Eux non plus.

En voulant sauver ce qui peut l’être de la marque Xbox, Microsoft tire tous azimuts en espérant faire mouche. Et dans la pratique tout ceci est le prolongement de la stratégie générale de l’entreprise qui consiste à offrir une expérience optimisée aux utilisateurs où qu’ils soient.
De la même manière que les abonnés Office 365 peuvent utiliser Word sur leurs PCs, leurs Macs et leurs smartphones Android, les joueurs Xbox, eux, devraient pouvoir utiliser leurs jeux sur PC, sur Xbox One, sur Xbox One S, sur Scropio; sur un petit écran de surface ou sur une gigantesque télé 4K.

Sauf que ces briques de stratégie globale qui ont du sens pour les gérants d’une multinationale sont difficilement compréhensibles en l’espace d’une conférence streamée sur youtube entre la poire et le dessert.

Alors que Apple réussit tous les ans à driver le désir de ses fans vers la dernière version en date de ses iDevices à grand coups de présentations claires et d’exemples concrets, Microsoft est resté nébuleux dans les raisons qui le pousse à appliquer le modèle smartphone à des consoles de jeux dont la durée de vie avait plutôt tendance à s’allonger.

On comprend vite la raison qui peut pousser Microsoft à vendre une nouvelle version légèrement boostée de sa console tous les deux ans, on a beaucoup plus de mal en revanche à comprendre ce qu’on va y gagner. Du vidéo HDR pour une frange de la population qui utilisait des câbles RCA pour connecter sa PS3 il n’y a encore pas si longtemps ? Des disques durs de 2 To quand l’ordinateur le plus populaire aux États-Unis dispose de 64Go ? Du jeu et des films 4K alors que les téléviseurs compatibles représentaient moins d’une télé vendue sur quatre cette année ? Plus de 6 Teraflops de puissance ? Vraiment des Teraflops ?

Bref, comme d’habitude la Xbox souffre avant tout d’une communication désastreuse qui n’est cette fois pas soutenue par une offre unique au niveaux jeux.
Il reste six mois à la bande à Spencer pour repenser sa présentation façon Apple. Et à serrer les fesses pour ne pas perdre le rythme, balancier-style.

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