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OS fumeux

OS fumeux
Pierre
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Quand on se rend sur la page wikipedia des Steam Machines, on tombe directement sur un avertissement singulier : “Attention, si vous cherchez un moteur fonctionnant à la vapeur d’eau ou un nettoyeur de tapis, vous pourriez être sur la mauvaise page”.

Ça peut sembler rigolo aujourd’hui, mais il y a six mois à peine, personne n’aurait misé un kopeck sur les steamboxes, la division hardware avait été liquidée avec pertes et fracas, les partenaires faisaient route seuls, rien n’avait plus filtré. On pensait un peu l’histoire remballée et l’on voyait bien Valve revenir la queue entre les jambes vers ce qu’ils savent réellement faire : du software. C’était sans compter sur la ténacité de mighty Gabe et sa clique qui non contents de miser sur Linux, soit le choix de chemin le moins défriché du monde pour du jeu vidéo, comptent bien mener à terme leur écosystème complet avec OS, boîtiers et manette ad hoc.

Et si la hauteur des ambitions de Valve n’a qu’un égal c’est bien son désintérêt pour du marketing organisé et c’est donc dans le calme quasi-complet et à l’occasion du dernier vendredi 13 que la fusée à quitté l’aire de lancement et qu’alors même que 300 heureux élus récupéraient leurs prototypes d’ordinateurs de salon, un bien beau dossier en ligne permettait aux plus courageux des bidouilleurs informatique de télécharger les fichiers d’installation de l’OS en lui-même pour se construire leurs propres machines.

Mais leurs propres Steam machines doivent avant tout être des machines propres à Steam puisqu’il n’est actuellement pas prévu de pouvoir installer l’OS dérivé de Debian en tant que dual boot.

Et si vous aviez l’idée saugrenue de vouloir recycler une vieille bécane pour en faire une petite machine de jeu pour titres indés (et soyons clair tous les jeux récupérés dans un bundle quelconque et jamais lancé), là encore il va falloir revenir sur terre : l’OS n’est pour l’instant compatible qu’avec les cartes graphiques Nvidia, les procs 64bits et les machines supportant les BIOS UEFI.

Mais si vous êtes bien équipés ou si vous vous êtes équipé pour l’occasion vous aurez le plaisir de vous amuser avec une installation un peu bordélique et qui ne supporte pas les écrans de télé car visiblement personne n’a entendu parler de l’ironie chez Valve.

Et si malgré tout vous vous en sortez vous aurez le plaisir de devoir vous tourner vers la version “linux” du catalogue Steam soit un peu moins de 300 jeux à l’heure actuelle dont une petite dizaine disposant d’un metascore supérieur ou égal à 90. A l’heure où j’écris ces lignes les meilleurs ventes de la plateforme sont Starbound, Rust et Overgrowth, soit trois jeux en accès anticipé suivis de près par Football Manager parce qu’il faudrait pas déconner mais tant qu’à avoir le public console, autant avoir les fans de foot en prime.

Quoi qu’il en soit, l’expérience steam machine ne sera malgré tous vos efforts pas encore complète, le pad steam étant pour l’heure réservé aux gagnants d’une steam machine prototype et l’écran tactile centrale est encore remplacé par quatre gros boutons.

N’espérez pas non plus trouver masse de jeux exclusifs, il n’y en a tout simplement pas de connu et ce n’est de toute évidence pas dans les plans de Valve de commencer à développer en exclusivité pour sa propre plateforme.

Des débuts bien modestes en fin de compte pour la révolution attendue, qui expliquent peut être le peu d’intérêt de Valve dans la mise en place d’une grosse campagne de communication et l’absence d’envie de se mesurer directement aux consoles de Sony et Microsoft.

Comme Half-Life² recevant des addons trois ans après sa sortie, comme Team-Fortress 2 retrouvant une seconde vie sous un modèle free-to-play quatre ans après sa sortie, Steam OS et les Steam Machines (ça sonne vraiment comme un mauvais groupe de disco) sont de toute évidence des projets à suivre sur le long, voire le très long terme.

De fait, si la pertinence du projet reste encore à démontrer, il se pourrait bien que les Steam Machines ne résonnent plus comme des idées saugrenues aux oreilles des joueurs consoles d’ici quelques années, de la même manière que le nom même d’une Steam Machine ne signifie plus uniquement un moteur à vapeur d’eau ou une centrale pour nettoyer ses rideaux.

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