Konami en occident, c’est essentiellement connu comme la boite de jeux vidéo derrière les MGS, PES, Silent Hill, voire si on a le temps les Castlevania et Yu-Gi-Oh (et si vous vous souvenez de Suikoden et Zone of the Enders, il est temps de vous acheter une vie). Mais Konami, au Japon, c’est un groupe beaucoup plus vaste qui fait des machines à sous et des salles de sport, un groupe qui se sent un peu menacé.
Menacé parce que le gros de son biz jeux console consiste à produire des jeux coûteux qui se vendent de moins en moins notamment au Japon où l’influence des consoles s’érode tous les ans face aux mobiles.
Et comme toute société inquiète, Konami s’est tournée vers un nouveau meneur à même de faire chanter les lendemains, un homme dont la vision réussirai à redorer le blason des deux petites vagues du logo.
Non, pas Hideo Kojima le créatif qui a fait les plus gros succès de la boite depuis 30 ans, mais bien Hideki Hayakawa, un cost-killer fraîchement appointé directeur de la division jeux en avril dernier et qui a décidé de mettre un terme à Silent Hills, le reboot de la série visiblement très cher et loin de ressembler à un produit rentable. Se faisant il s’est évidemment embrouillé avec Kojima et a rapidement décidé de mettre fin à son petit studio représentant sans doute un gouffre financier incroyable (presque 5 ans de développement pour MGS V).
L’histoire a évidemment fait les gros titres de la presse à scandale JV, poussant les fanboys en colère à commettre le pire cauchemar des financiers : l’annulation des précommandes, GASP !
Dès mai, Hayakawa explique dans une interview que le futur pour Konami passe par le jeu mobile et le Free to Play. Bizarre pour une entreprise qui a passé ces 30 dernières années à vendre du jeu boite sur console ?
Pas tant que ça quand on sait que le jeu de base-ball mobile et free to play Power Pro est désigné par la société comme le principal moteur de l’augmentation surprise de 150% de son revenu net pour l’année fiscale 2014.
Mais pourquoi tout orienter vers le mobile et les F2P ? Pourquoi ne pas financer les coûteuses sagas AAA consoles avec de l’app android qui tache comme EA ou Ubi me direz-vous ?
Visiblement pour pas grand chose d’autre que l’idiotie et l’incompétence la plus crasse.
Et c’est même pas moi qui le dit mais Hayakawa lui-même dans une lettre envoyé aux fans :
“Je n’ai jamais réellement compris les jeux vidéo, ma vie ayant été dictée par les règles du business et du profit. J’ai simplement regardé les chiffres et compris que les jeux mobiles étaient le seul moyen de faire de l’argent dans ce marché. Je n’avais pas réalisé qu’il y avait tant de fans des précédents jeux de Konami.”
Sans le savoir, Hayakawa illustre en fait parfaitement un virage amorcé par toute l’industrie.
En discutant un peu avec des gens de différentes compagnies, je me suis fait la réflexion qu’un des plus gros changement chez les éditeurs ces 10 dernières années est qu’il y a une nécessité de plus en plus prégnante de s’y connaître un minimum en jeux à tous les étages de la chaîne, du réceptionniste au PDG.
Tout le monde a ses histoires d’horreur de chefs de sections incapables de différencier un jeu Gamecube d’une carte mémoire. Tout le monde a connu un collègue fier de n’avoir jamais touché le jeu-mascotte de l’entreprise. Tout le monde aime citer son boss qui n’a pas la moindre idée de ce qu’est une preview, son collègue qui s’énerve parce qu’il veut ‘le vrai jeu’ et pas une clé steam ou ce vice président qui demande si on peut payer pour avoir de meilleures notes dans Canard PC.
Mais ces gens là, qu’ils viennent de la pub, du poker, du cinéma, de l’édition de livre ou dieu-sait où, ont de plus en plus de mal à conserver leur crédibilité très longtemps. Il y a du jeu partout, il y a des moyens simples et gratuits de s’y mettre, de s’informer. Entre les ressorties HD et les émulateurs moins légaux, aucun jeu n’est vraiment hors de portée d’une recherche sérieuse.
Et si l’industrie s’est longtemps cherchée à travers des “pros” dont elle suivrait aveuglément les lumières, on est désormais arrivé au stade où toute une génération de travailleurs est née avec des jeux vidéo et il n’est plus nécessaire de mettre la passion du jeu comme une qualité qui “serait un plus” sur une offre d’emploi, mais bien une condition sine qua none à la compréhension du média, ses codes, ses cibles, ses revenus, ses mécanismes et au final sa marche.
Parce que sans compréhension du jeu vidéo, même le meilleur cost-killer au monde ne pourra être efficace en tant que PDG.
Menacé parce que le gros de son biz jeux console consiste à produire des jeux coûteux qui se vendent de moins en moins notamment au Japon où l’influence des consoles s’érode tous les ans face aux mobiles.
Et comme toute société inquiète, Konami s’est tournée vers un nouveau meneur à même de faire chanter les lendemains, un homme dont la vision réussirai à redorer le blason des deux petites vagues du logo.
Non, pas Hideo Kojima le créatif qui a fait les plus gros succès de la boite depuis 30 ans, mais bien Hideki Hayakawa, un cost-killer fraîchement appointé directeur de la division jeux en avril dernier et qui a décidé de mettre un terme à Silent Hills, le reboot de la série visiblement très cher et loin de ressembler à un produit rentable. Se faisant il s’est évidemment embrouillé avec Kojima et a rapidement décidé de mettre fin à son petit studio représentant sans doute un gouffre financier incroyable (presque 5 ans de développement pour MGS V).
L’histoire a évidemment fait les gros titres de la presse à scandale JV, poussant les fanboys en colère à commettre le pire cauchemar des financiers : l’annulation des précommandes, GASP !
Dès mai, Hayakawa explique dans une interview que le futur pour Konami passe par le jeu mobile et le Free to Play. Bizarre pour une entreprise qui a passé ces 30 dernières années à vendre du jeu boite sur console ?
Pas tant que ça quand on sait que le jeu de base-ball mobile et free to play Power Pro est désigné par la société comme le principal moteur de l’augmentation surprise de 150% de son revenu net pour l’année fiscale 2014.
Mais pourquoi tout orienter vers le mobile et les F2P ? Pourquoi ne pas financer les coûteuses sagas AAA consoles avec de l’app android qui tache comme EA ou Ubi me direz-vous ?
Visiblement pour pas grand chose d’autre que l’idiotie et l’incompétence la plus crasse.
Et c’est même pas moi qui le dit mais Hayakawa lui-même dans une lettre envoyé aux fans :
“Je n’ai jamais réellement compris les jeux vidéo, ma vie ayant été dictée par les règles du business et du profit. J’ai simplement regardé les chiffres et compris que les jeux mobiles étaient le seul moyen de faire de l’argent dans ce marché. Je n’avais pas réalisé qu’il y avait tant de fans des précédents jeux de Konami.”
Sans le savoir, Hayakawa illustre en fait parfaitement un virage amorcé par toute l’industrie.
En discutant un peu avec des gens de différentes compagnies, je me suis fait la réflexion qu’un des plus gros changement chez les éditeurs ces 10 dernières années est qu’il y a une nécessité de plus en plus prégnante de s’y connaître un minimum en jeux à tous les étages de la chaîne, du réceptionniste au PDG.
Tout le monde a ses histoires d’horreur de chefs de sections incapables de différencier un jeu Gamecube d’une carte mémoire. Tout le monde a connu un collègue fier de n’avoir jamais touché le jeu-mascotte de l’entreprise. Tout le monde aime citer son boss qui n’a pas la moindre idée de ce qu’est une preview, son collègue qui s’énerve parce qu’il veut ‘le vrai jeu’ et pas une clé steam ou ce vice président qui demande si on peut payer pour avoir de meilleures notes dans Canard PC.
Mais ces gens là, qu’ils viennent de la pub, du poker, du cinéma, de l’édition de livre ou dieu-sait où, ont de plus en plus de mal à conserver leur crédibilité très longtemps. Il y a du jeu partout, il y a des moyens simples et gratuits de s’y mettre, de s’informer. Entre les ressorties HD et les émulateurs moins légaux, aucun jeu n’est vraiment hors de portée d’une recherche sérieuse.
Et si l’industrie s’est longtemps cherchée à travers des “pros” dont elle suivrait aveuglément les lumières, on est désormais arrivé au stade où toute une génération de travailleurs est née avec des jeux vidéo et il n’est plus nécessaire de mettre la passion du jeu comme une qualité qui “serait un plus” sur une offre d’emploi, mais bien une condition sine qua none à la compréhension du média, ses codes, ses cibles, ses revenus, ses mécanismes et au final sa marche.
Parce que sans compréhension du jeu vidéo, même le meilleur cost-killer au monde ne pourra être efficace en tant que PDG.
Commentaires
Voilà un billet que j'attendais !
Je pleure encore pour Silent Hills...
(sans parler de The Phantom Pain... Sérieusement, depuis Sons of Liberty, Kojima disait que c'était son dernier MGS à chaque nouvel opus et lorsqu'il confesse, enfin, qu'avec MGS V il pense à plein de nouveaux horizons à explorer pour la suite de la saga... Viré ! Tsss...)
Et personne peut le virer ce masterpieces killer ?
Techniquement son raisonnement est pas faux et serait même complètement correct dans n'importe quelle autre industrie : si tes chaussettes en coton bleues augmentent de 150% tes profits comparé aux chaussettes en soie blanche, chères à produire et pas franchement propulaire, bah tu vas laisser tomber la soie et te concentrer sur le coton. Bim t'as fait ton boulot de CEO.
Sauf que le jeu comme le cinoche, et encore plus que le cinoche, a une dimension personnelle, et des facteurs tels que la loyauté, la hype, la continuité, la couverture presse etc.
Et ça c'est pas facile à gérer parce que ça ne se mesure pas en $$$.
Comment peut-on les prendre au sérieux une seconde ? :D
http://www.p4rgaming.com/e3-officials-say-e3-disappointment-room-will-be-twice-as-big-this-year/
Mais du coup, ça montre qu'une info aussi improbable dans n'importe quelle industrie peut passer pour crédible ne serait-ce que pour un grand naïf comme moi.
Au final l'article se moque mais ne doit pas tomber très loin de la vérité, l'homme créé du jeu vidéo comme des chaussettes en pensant qu'il suffit de miser gros sur ce qui a rapporté à un instant T, pour renverser la vapeur. Ça reste un peu idiot et ubuesque. Juste un peu plus malhonnête.